L'évangile et le pouvoir de la limitation des choix dans la vie

Publié le 11 Mai 2012


Je n'oublierai jamais la première fois lorsque, adulte accomplie, je suis allée acheter un aspirateur.


Nous avions un seul carré de moquette bleue dans notre notre T1 de Miami-Plage qui nécessitait quelque entretien. J'ai conduit loin de la ville jusqu'à un entrepôt géant spécialisé en n'importe quel gadget ayant une prise ou un moteur. Le magasin avait une origine discutable et une plus encore discutable clientèle.


J'ai zigzagué entre les synthétiseurs, les stéréos, les téléviseurs à écran plat et les mixers jusqu'à trouver le rayon des aspirateurs. Et juste là, au milieu des modèles sans sacs et auto-propulsés, j'ai eu une crise de panique.  C'est qu'il y avait trop d'aspirateurs ! Comment pourrais-je en choisir juste un ?


Ayant savamment repéré toute ma naïveté en la matière, les vendeurs m'ont rebattu les oreilles avec des histoires d'argent gaspillé et de trombones qui pouvaient détruire un aspirateur ordinaire dès la première utilisation. Ils m'ont conduite vers les modèles high-tech, avec leurs 17 hauteurs d'ajustement et leurs lumières éclairant le sol, des aspirateurs si perfectionnés qu'ils pouvaient me brosser les dents si je le désirais.
En fin de compte, je me suis adressée un petit laïus, un simple rappel comme quoi un aspirateur, c'était un aspirateur !


Un mouvement de succion basique était tout ce dont j'avais besoin pour ma petite moquette bleue. J'ai acheté un Hoover à 30$ qui a fonctionné comme un champion pendant des années. Dans notre monde développé, et aux Etats-Unis en particulier, nous avons une gamme massive de choix : quelle auto conduire (et de quelle couleur), quelle marque de gel utiliser pour les cheveux, quel type de yogourt manger et, exactement quel genre d'étagères IKEA conviendrait le mieux dans notre salon. Nous avons tendance à penser que le plus large éventail de choix fera notre bonheur.


Pour les amoureux de la liberté, la religion peut donc, quelquefois, sembler étouffante. La religion enferme notre vie dans certains paramètres. En d'autres termes, elle limite nos choix !

Prenez la Parole de Sagesse par exemple. Parce-que, il y a longtemps, j'ai fait le simple choix de ne pas boire d'alcool ou de caféine, je n'ai plus jamais à décider quel vin je boirai au dîner, ou quel café crème je prendrais chez Starbucks. A la place, je bois de l'eau!
En 2001, l'auteur Yann Martel a publié une nouvelle  "la vie de Pi", l'histoire d'un jeune Indien bloqué dans un bateau en mer. Dans le livre, le personnage Pi est fasciné par la religion et les zoos.


Le rapport paraît bizarre jusqu'à ce qu'on réalise où Martel veut en venir : à savoir, que les deux représentent un lieu où quelque chose de très animal peut être contenu dans des limites définies.
La différence, bien entendu, réside dans le fait que nous, Mormons, ne voyons pas les commandements comme une mise en cage, mais plutôt comme des paramètres sur lesquels baser nos vies.


Je pourrais utiliser plusieurs exemples pour illustrer cela, mais le seul qui me vienne sans cesse en tête, c'est le commandement des dirigeants de l'Eglise de Jésus Christ des Saints des Derniers Jours de se marier et fonder une famille sans délais inutiles. (Sans aller plus loin, voir le tout dernier discours de Président Thomas S. Monson d'avril 2011 aux détenteurs de la prêtrise). C'est un conseil qui va à l'encontre de la norme sociale qui décourage le mariage et la famille. Après tout, selon la pensée moderne, se marier jeune et fonder une famille limitent nos choix. Une fois ces deux étapes qui changent la vie franchies, les portes commencent à se fermer. Et, à bien des égards, c'est vrai! Encore que, en limitant nos choix, le mariage et la famille nous apportent d'involontaires tributs de clarté.


Je connais tout un tas de jeunes adultes sans but et qui en sont encore à se demander ce qu'ils pourraient bien faire de leurs vies. Je vois cette tendance chez les missionnaires mormons qui servent dans notre paroisse (ce sont des sœurs missionnaires, déjà plus âgées de quelques années que les anciens) ainsi que chez leurs voisins de la vingtaine et quelque, vivant au sous-sol chez leurs parents, jusqu'à ce qu'ils trouvent leur voie. Ils ont à leur portée un choix illimité de futurs parmi lesquels choisir, et ils sont là, coincés, un tant soit peu incapables de choisir. Un petit peu d'enseignement supérieur, un job ici où là, mais beaucoup d'errance à la recherche d'un but.


Quand vous êtes marié, vous éliminez beaucoup de choix, à savoir, qui fréquenter et comment entretenir votre vie sociale. Quand vous avez des enfants, cela limite encore plus vos choix et ajoute le poids supplémentaire d'avoir à pourvoir aux besoins d'une famille. Plus question de se tourner les pouces à se demander quoi faire de sa vie. Vous allez juste de l'avant!


Réfléchissez à ce que dit Barry Schwartz de la Harvard Business Review :
"Il y a une diminution de l'utilité des marges quand il y a des alternatives; chaque nouvelle option soustrait un peu de sentiment de bien-être, jusqu'à ce que les marges des avantages du choix supplémentaire stabilisent le niveau. Qui plus est, les psychologues de même que les écoles de commerce, ont largement ignoré le résultat du choix, et de l'auto-critique si les choix ne marchent pas."


J'examine cette liste - anxiété, regret, espérances démesurées et auto-critique - et je pense à ces jeunes célibataires aujourd'hui qui, d'après certaines informations, sont plus déprimés qu'aucune autre géneration précédente, en dépit d'avoir un buffet de choix sans précédent.
Quand j'habille mon jeune enfant le matin, je ne lui demande pas quelle couleur de T-shirt il veut porter : on y serait encore à midi !


A la place, je lui dit :"Rouge ou bleu, ce sera quoi ?" Il est évident qu'il pourrait en être de même avec Père Céleste : voilà vos choix, mais s'il vous plaît, faites-en un !
C'est un exemple des plus simplifiés. Quelques-uns des choix que nous faisons sont énormes, même éternels, et méritent une soigneuse considération.


Mais la vie n'est pas un aspirateur. Choisissez et allez de l'avant !


(Publié par DeseretNews – Traduit par Angélique)

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